La toile de Jouy tient son nom de la ville de Jouy-en-Josas qui voit naître, au milieu du XVIIIe siècle, la première manufacture française capable de fabriquer les célèbres indiennes, étoffes de coton imprimées aux Indes. Louis XVI accorde à la manufacture de Jouy-en-Josas le titre prestigieux de Manufacture royale, et Marie-Antoinette elle-même devient très friande de la toile de Jouy. Des peintres français reconnus, tel Jean-Baptiste Huet, dédient alors leurs dessins à la fameuse toile.
La toile de Jouy inscrit, depuis, son nom dans l'histoire de l'art décoratif. Encore aujourd'hui, elle est un reflet de la culture française. Beaucoup de toiles de Jouy sont toujours éditées, parfois même dans les règles de l'art par des éditeurs éclairés.
Textile français par excellence, elle traverse les époques, ne laissant pas au temps le pouvoir de la rendre désuète. Elle se décline d'abord sur divers supports comme la céramique et le papier-peint, et son motif, lui-même, voyage : Il évolue entre le floral et le bucolique inspirés des jardins du Petit Trianon, l'allégorie et la scène mythologique. Ces motifs mettent en scène des sujets aussi divers que la chasse, l'amour, la jeunesse, la campagne, le printemps…
Aujourd'hui la finesse et la fraîcheur de ces monochromes, incarne un passé fantasmé qui le lie au romantisme. Ce romantisme, réactualisé par nos contemporains, s'incarne aujourd'hui dans diverses interprétations décalées de la toile de Jouy, subversives, tendres ou drôles… toujours originales.
Le caractère pastoral, fondamental des scènes de genre illustrées sur la toile de Jouy, invite le créateur contemporain à se questionner sur la représentation d'une scène ordinaire de son époque. Ainsi, divers designers réinvestissent la scène triviale pour sublimer ou critiquer la banalité quotidienne du XXIe siècle. Les uns déplacent le romantisme historique vers une vision poétique de notre présent, les autres représentent, dans l'esprit graphique bien reconnaissable de la toile de Jouy, le mobilier urbain et la nature transformée, par exemple, afin de critiquer la perte des idylles fantasmées aux travers des dessins traditionnels de la fameuse toile. L'allégorie, partenaire depuis toujours de ces dessin, s'est ainsi déplacée de la nature vers la ville, de l'amour à l'humour… Désuète la toile de Jouy?
Marion Gaillien