Sandrine Alouf fait partie de ces gens qui fonctionnent au coup de coeur, qui travaillent avec leurs tripes. Avec sa silhouette gracile parée de son désormais mythique bleu de travail, cette artiste belgo-libanaise qui se définit comme “atmosphériste” semble toujours prête à conquérir le monde. Son secret : une volonté sans faille de mener à bien les projets - nombreux - qui lui tiennent à coeur. Comme la collection de décors muraux wax qu'elle a réalisée en collaboration avec Au fil des Couleurs.
La tête dans les nuages
Cette ancienne conservatrice de musée à Bruxelles a décidé de quitter la Belgique pour s’installer à Paris il y a maintenant 18 ans, en 2000, pour un projet qui ne verra malheureusement pas le jour. Sandrine Alouf décide alors d’aller parcourir le monde, et elle s’arrête notamment en Chine, qu’elle visitera à vélo pendant un an, son Leica à portée de main. Si le voyage en lui-même ne la chamboulera pas, c’est pourtant le point de départ de son changement de vie. De son périple, elle ramène des photos de nuages, sa marotte. “Depuis, dès qu’il y a un moment heureux ou malheureux dans ma vie, je capture le ciel. J’ai ainsi plus de 5 000 photos de nuages”. Impossible pour cette créatrice dans l’âme de ne pas faire quelque chose avec cela.
Pour rendre hommage à sa grand-mère - dont on ressent l’importance tout au long de notre conversation - elle décide alors de “mettre le ciel sous terre”, et propose à la RATP d’habiller une station de métro de ses photos. Sa ténacité est récompensée par un coup de chance : un projet est annulé sur la station Luxembourg, on lui propose alors d’exposer ses photographies pendant 6 mois. Elles y resteront un an en 2006. “C’est le plus beau projet que j’ai fait” nous confie-telle.
Créatrice d’atmosphères
A la suite de ce coup de maître, un architecte spécialisé dans les hôtels la contacte pour un projet. Elle lui présente son rêve : créer un lit en lévitation. Il sera exaucé avec la création de la suite One by the Five, dans l’hôtel boutique du 5e arrondissement de Paris. A partir de là, les demandes s’enchaînent. A raison de deux hôtels par an, Sandrine Alouf a ainsi participé à la décoration de 25 hôtels parmis lesquels le Whistler et le Déclic Hôtel à Paris, et l’Excelsior à Nice. Décoration, création du mobilier, suivi des chantiers, elle fait tout. “J’adore les chantiers, les ouvriers, les artisans. C’est aussi pour cela que je vis en bleu de travail ! J’aime l’idée de s’habiller pour aller travailler”.
Son style : contemporain. Sa signature : la couleur, les couleurs. “Ce qui me porte c’est la couleur. D’ailleurs, je ne porte que de la couleur. J’ai besoin d’un bouclier pour affronter ce monde qui n’est pas toujours très gai”.
Cette parfaite autodidacte, qui a toutefois baigné dans la création avec ses deux parents graphistes spécialisés dans l’hôtellerie et sa grand-mère décoratrice d’intérieur, se retrouve rapidement face une évidence : elle est inclassable. A la fois photographe, devenue designer et décoratrice d’intérieur, elle accumule les casquettes. “A l’époque, faire plusieurs choses à la fois n’était pas aussi en vogue qu’aujourd’hui, et je ne rentrais dans aucune case. J’ai donc décidé de rassembler toutes ces facettes sous le terme d’Atmosphériste, auquel j’ai ensuite ajouté, quelques années plus tard, créatrice de voyages immobiles car ce que je fais par dessus tout c’est créer des univers, des atmosphères ; que ce soit dans le métro, dans les hôtels, lors d’expositions dont je réalise les scénographies ou désormais chez des particuliers”.
C’est le wax qu’elle préfère..
En 2016, Sandrine Alouf surprend encore là où on ne l’attend pas. Elle lance une collection de chaises aux imprimés wax qu’elle chine un peu partout, et dont les assises sont produites au Portugal. Le succès est immédiat. “ Je changeais de chaise pour mon bureau, et beaucoup de gens m’ont demandé si j’allais les commercialiser”. Made In Design la contacte, et tout s’enchaîne. Elle investit le BHV, les Galeries Lafayette, et on retrouve également ses chaises dans les hôtels Mama Shelter.
Elle a désormais un site dédié à ses créations wax, Wax Going On, sur lequel on trouve également des pulls et sa fameuse combinaison de travail. “J’aime les couleurs vives du wax, les formes géométriques, les fonds texturés, les répétitions… Et j’aime aussi la culture, la musique et l’art de vivre africains. Depuis toujours, l’Afrique noire me parle. J’ai l’impression que cette région du monde fait écho à ce que je suis”.
Mobilier, vêtements… il lui manquait les murs ! C’est désormais chose faite avec la collection de décors muraux wax réalisée en collaboration avec Au fil des Couleurs. “Le wax s’est créé une place dans la décoration en tant que tissu, mais finalement, pour les murs, qui sont pourtant un endroit parfait pour laisser vivre ces motifs, il n’y avait pas grand-chose. Motifs géométriques et dessins figuratifs aux couleurs franches telles que le rouge, le bleu et le jaune moutarde ont été imaginés pour réveiller vos murs. “J’aime beaucoup cette idée de parer les murs de motifs comme les femmes se parent de leurs plus beaux habits”.