Enfant des Batignolles dans les années 60, le peintre parisien Jérôme Mesnager ne cessera, jusqu'à aujourd'hui, de sillonner le monde en laissant derrière lui ses hommes blancs, peints sur tous les murs et portes des rues. Le corps couvert de peinture blanche, il sème sa poésie dans le quotidien de ses contemporains. En 30 ans, tandis que se développaient les campagnes anti-tag, l'art dont il a fortement contribué à la naissance, est devenu le street art que côtoient, aujourd'hui, toutes les contrées du monde.
"Je fais des tableaux et la toile c’est le monde"
Étudiant à l'école Boulle il continue, plus tard, d'enseigner l'art dans la célèbre école parisienne.
Dans les années 80, il fonde Zig-Zag, un groupe d'artistes qui sont les premiers à occuper les rues et lieux désaffectés en dessinant des graffitis.
Il invente alors son singulier Homme en blanc, pour lui symbole de lumière, de force et de paix, qui envahit bientôt les murs de Paris et les destinations de ses nombreux voyages : la Chine, le Japon, l'Inde, l'Afrique, les États-Unis… Le thème du tour du monde ne le quitte désormais plus. Son travail s'enrichit, par ses découvertes et rencontres culturelles diverses, d'une dimension sociale et généreuse incontestable. Les danses, étreintes et rondes de ses hommes en blanc, sont porteurs de messages universels, ainsi que ses interprétations du rêve, du combat, de l'eau, de l'Enfer ou du Paradis…
"Je serai libre de tout circuit marchand, dans la rue, on peut faire de l'art pour les gens de notre époque, pour les passants comme pour les clochards!"
Les expositions de Jérôme Mesnager s'enchaînent, notamment à la galerie Loft, et il collabore avec de nombreux artistes. Au delà des murs, l'artiste peint sur toiles, palissades, tôles rouillées, portes, vitrines, blockhaus… Des murs des anciens bagnes de Guyane au très chic hôtel des Académies et des Arts de Paris, ou du format des pochettes de disque de La Rue Kétanou au format de l'immeuble de sa grande fresque de Ménilmontant, le succès lui offre d'exposer son art partout! Mairies, ministères, instituts, écoles, théâtres et grandes marques lui font de l'oeil!
Mais la rue et Paris restent les premiers amours de Jérôme Mesnager. Avec un goût marqué pour l'Art Nouveau il édite, notamment, une série de plaques Guimard du métro parisien, peintes. C'est son lien affectif avec les noms des rues de sa ville, qui a inspiré la collaboration d'Au fil des couleurs avec le street artiste, pour sa collection d'impressions des "rues" de Jérôme Mesnager, en papier intissé.
"Rues", "portes" et "danses" de Jérôme Mesnager font l'objet aujourd'hui, grâce à Au fil des couleurs, de projection dans les appartements et maisons, dans un souci de ne pas cloisonner les supports, son art étant insaisissable par nature.
Marion Gaillien