Dés la fin du XVIIIe siècle, les papiers peints panoramiques investissent le terrain de la peinture décorative, en proposant des décors, nommés paysages, créés industriellement, dans le style des trompe l'oeil, alors très en vogue chez les peintres de l'époque. Ils ont l'ambition de créer l'illusion de repousser les murs d'un univers quotidien trop étroit. Transformer un appartement en théâtre du monde, telle est la promesse des papiers peints panoramiques imaginés jadis par les manufactures françaises, Dufour et Züber & Cie en tête.
Les panoramiques se répandent dés lors largement dans l'habitat des classes moyennes. A été conservée de cette époque une centaine de motifs différents, dont trente fabriqués chez Züber.
Dans l’ensemble de la production, deux panoramas se distinguent par leur puissance picturale et évocatrice : Voyages du Capitaine Cook (1804), et Vues du Brésil de Jean Julien Deltil (1830).
La représentation du lointain et ses paysages sublimes qui dominent de leur hauteur sur les murs, se révèlent être une invitation au voyage, un exotisme à domicile, un véhicule du dépaysement. Le succès de ces papiers peints panoramiques témoigne d'une fascination de l'époque par l'inconnu, les récits de voyages et d'aventures en pays étrangers, en particulier de l'Orient et du Midi. Il tire parti des Grandes Découvertes et du goût pour le voyage "philosophique" et la curiosité pour la nature dans le cadre d'un romantisme grandissant.
Le mot panorama, signifiant "vue qui embrasse tout" donne à voir et à sentir le coeur d'une scène représentée, d'un paysage… " Le panorama est un lieu clos qui ouvre à une représentation du monde." ( Bernard Comment )
Parce que la contemplation réclame l'envergure, le panorama est encore aujourd'hui l'expression décorative idéale d'habitants en quête de plénitude dans leur "chez-eux".
Le papier-peint panoramique conserve sa particularité première d'être modulable, de s'adapter aux différentes architectures, pour un habitat sur-mesure. Avec l'impression numérique, toute représentation est devenue possible, sous la forme la plus réaliste qui soit. Si les paysages paradisiaques ont toujours du succès,il est plus aisé de s'adapter aux divers goûts et aspirations de nos contemporains.
L'ampleur du support semble toujours être le moteur premier d'une belle échappée vers l'ailleurs...
Marion Gaillien